« Flower power » : s’armer de roses contre la stigmatisation
Le docteur Sushil Koirala lutte en faveur des droits humains et de la paix depuis plus de 15 ans. Surnommé « The Rose Doctor », il a fondé la campagne « The Rose Movement », dont l’objectif est d’apporter la paix et le bonheur aux autres. Un mouvement devenu révolutionnaire dans la lutte contre la stigmatisation. Nous l’avons contacté pour mieux comprendre.
Le docteur Koirala est entré en contact pour la première fois avec la communauté de personnes atteintes de la lèpre alors qu’il rejoignait un centre de prise en charge de la tuberculose et de la lèpre dirigée par une ONG népalaise locale. Au cours de ses rencontres avec les personnes atteintes, il a été exposé à leurs difficultés. Il a alors développé sa célèbre campagne « The Rose Movement ». Le principe ? S’échanger des fleurs comme symbole d’acceptation, de solidarité et de paix.
Pourquoi avoir choisi les roses ? Pour le docteur Koirala, elles représentent notre diversité, notre unité en tant qu’êtres humains. « Peu importe sa couleur, une rose reste une rose. Peu importe notre culture, notre langue, notre couleur de peau, notre appartenance ethnique ou notre religion, nous sommes des êtres humains », explique-t-il. Autre chose : les roses symbolisent pour lui aussi l’épanouissement des enfants. Il veut créer un environnement où les enfants peuvent s’épanouir pleinement, comme les roses en période de floraison. C’est comme cela qu’il compte rendre le monde meilleur.
Ce mouvement est maintenant bien plus qu’un mouvement de paix. Le docteur Koirala a commencé à distribuer des roses à ses patients. Parmi eux, des personnes affectées par la lèpre. Il voyait la stigmatisation et la discrimination les affecter, qu’elles viennent d’elles-mêmes ou des autres. Il voulait un moyen de leur montrer que la société les aimait et les acceptait.
« Pour guérir, le traitement seul ne suffisait pas. »
Le docteur Koirala a rapidement remarqué que la stigmatisation s’étendait des communautés de personnes atteintes aux structures de santé, aux hôpitaux, et aux professionnels de la santé. Et que les personnes impliquées dans la lutte contre la lèpre en subissaient aussi la stigmatisation.
Malgré l’existence de programmes de formation, pourtant bien pensés, sur la stigmatisation autour du traitement du VIH, de telles formations n’existaient pas pour la tuberculose multirésistante et la lèpre au Népal. En réponse à cela, il s’est mis à utiliser ses roses pour inspirer les autres et ouvrir le dialogue sur l’exclusion sociale liée à ces maladies. Lui et d’autres travailleurs de la santé ont donc organisé des « Rose Ceremonies ». Ces cérémonies étaient un moyen de soulever la question de la discrimination dans leurs lieux de travail et dans la société.
« Ce que nous voyons de la lèpre… N’est que la partie visible de l’iceberg. Il s’agit simplement de la stigmatisation, de la discrimination et des préjugés à l’égard de différents états de santé, incluant la santé mentale et le handicap. ». Le docteur Koirala espère que la lutte contre la stigmatisation liée à la santé sera bientôt au cœur du programme international en matière des droits humains.
« Tout comme une grande variété d’antibiotiques, j’utilise des roses pour diverses raisons, occasions et événements. L’objectif principal reste le même : promouvoir la paix, l’harmonie, le bonheur, les droits humains, la dignité humaine, la bonne santé. Nous voulons faire ressortir le meilleur des gens, réduire ou mettre fin à la stigmatisation et la discrimination. Mais nous acceptons aussi le fait que nous sommes une seule famille humaine. »
Le docteur Koirala est actuellement le représentant d’Action Damien au Népal.